NuWork a interrogé Doriane Bettinger à l'occasion de la sortie de leur baromètre 2022 : Immobilier, empreinte mètres carrés, RH ou transformation. Notre invitée met l'accent sur le décalage entre le ressenti des employeurs, des employés et les chiffres observés. Retrouvez l'intégralité du podcast [ici].
Il existe un fort décalage entre certaines tendances observées dans les médias et les faits constatés dans réalité.
Lorsqu’on interroge les chefs d’entreprises sur les sentiments et impressions de leurs employés vis-à-vis de leur société, nombreux sont ceux qui répondent à côté de la plaque. 🤦🏻
Déni ou sincère ignorance, difficile de les blâmer quand différents paramètres, parfois insidieux, influencent l’expérience du collaborateur.
Le réveil, c’est Parella qui le propose, avec son baromètre 2022. Cette année, ils s’associent avec le CSA Research pour élargir leur panel à l’ensemble des français, là où leurs précédentes études se concentraient sur le microcosme francilien.
Doriane Bettinger, qui nous donne une fine lecture de ces données.
L’étude
Les problématiques de l’étude sont orientés usage et attractivité des talents.
Pas moins de 300 dirigeants et 500 salariés de plus de 50 entreprises sont interrogés, et nous livrent les tendances étonnantes du travail post-covid tels qu’ils l’imaginent.
💫 Et les chiffres sont déconcertants.
Seuls 8% des dirigeants estiment avoir des difficultés à faire revenir leur collaborateurs au bureau. Des chiffres qui sont en totale déconnection avec la réalité, quand, dans la vie de tous les jours, la majorité des bureaux en open-space demeurent vides.
“Y a t-il une France cachée qui aurait des bureaux pleins? » interroge Doriane.
En parallèle, 75% des collaborateurs se disent heureux d’y revenir. 🤔
Cet écart entre les faits observés, et le sentiment général des collaborateurs pardonne l’ignorance des dirigeants, qui ne sont pas souvent confrontés à la réalité du terrain, et qui ne font que constater l’intérêt de leur collaborateur à revenir au bureau.
👉🏻 Retrouvez les 5 leçons clefs de cet échange dans cet article.
Prise de conscience
- Pour prendre la vague de l’hybride, l’important est d’intégrer l’entreprise dans un écosystème large (avec ses partenaires, dans la ville, dans son urbanité…), et de favoriser l’ouverture de l’entreprise, afin de prendre en compte les problématiques économiques et sociales. 🪟
<aside>📝 Si 75% des dirigeants savent que le bureau doit offrir un meilleur cadre que la maison, cette intuition ne mène pas nécessairement vers des démarches qui vont dans ce sens. La part des entreprises proposant déjà une offre de restauration, d'activité sportive ou de santé mentale et bien-être, ou ayant l'intention de le faire prochainement est systématiquement inférieure à 30%.
</aside>
Voilà pourquoi il faut passer à l’action. 👉🏻
De l’immobilier…
En réaction à la crise sanitaire, les sollicitations des entreprises face au challenge étaient ancrées dans l’immédiateté. Les dirigeants étaient très réactifs, et les solutions immobilières s’orientaient vers une réduction des m² pour résoudre leurs échéances.
L’immobilier a été vu comme quelque chose de très inerte, encore plus que le bureau, c’est un asset qui était jusqu’alors immobile.
➡️ Désormais, ces réflexions s’orientent vers des problématiques d’aménagement, comme par exemple libérer les espaces individuels, pour augmenter la part du collaboratif.
Parella mise pour cela sur une vision écosystémique du bâtiment, qui communiquerait avec son extérieur.
« Garder ce qu’on a pour le réinventer, créer des bureaux moins contraints et figés.”.
↕️ Dans la recherche d’un bien ou dans sa relocalisation, les gestionnaires du projet analysent davantage les plateaux : peuvent-ils techniquement accueillir la flexibilité ?
♾️ La fluidité du parcours du collaborateur, c’est ce qui viendra ajouter de la valeur à un bâtiment qui ne saurait être envisagé que dans son aspect purement usager ou logistique.
… à la localisation.
Dans les résultats de l’étude, la divergence entre les résultats attendus (biaisés par l’habitude de mener des recherches exclusivement en Île-de-France) et les résultats obtenus, s’explique en grande partie par la localisation des entreprises. 📍
« Les bureaux que nous avons visités sont majoritairement vides. » rappelle Doriane.
Trop d’entreprises se sont isolées dans le but d’avoir accès à plus d’espace. Ces mêmes entreprises qui aujourd’hui s’intéressent davantage aux zones plus attractives.
Dans ce contexte, le bâtiment qui fait office de totem, avec une grande tour et un logo imposant, ressemble davantage à un prétexte pour asseoir une légitimité. Légitimité qui, d’ailleurs, ne se traduit plus de cette façon.
On ne peut plus se permettre de choisir un bâtiment, au bon prix, avec le nombre de m² idéal en se disant qu’on va y faire travailler les collaborateurs.
La méthode de recherche s’est transposée, pour placer le collaborateur en amont du projet.
Du salarié …
Ce qui va donc déterminer les méthodes de travail et les leviers utilisés pour faire revenir le collaborateur, ce sont les typologies d’espaces au bureau.
Comment les définit-on? En se posant les bonnes questions :
- Dans quelle mesure a-t-on besoin du collectif au bureau ?
- Devons-nous nous concentrer sur le sentiment d’appartenance à l’entreprise ?
- Nos collaborateurs font-ils face à des problématiques orientées métier et performance ou ont-ils plutôt besoin d’intégration?
Dans le sud de la France, par exemple, les collaborateurs ont des fonctions plus sédentaires et administratives, alors qu’en région parisienne les équipes sont orientées marketing et commercial.
A partir de là, Doriane propose d’autres pistes de réflexion : quel est le quotidien des collaborateurs, quels sont les usages de leurs journées et comment leur donner envie de revenir?
“C’est un menu à la carte”
- La localisation, les aménagements, le mobilier de bureau sont autant de critères qui permettent aux collaborateurs d’avoir envie de rester. Pour les 75% d’utilisateurs qui estiment ces critères comme étant décisifs dans leur loyauté, ces éléments pèsent lourdement dans leurs réflexions. 🏋🏻
Sauf que, quand le bureau entre en concurrence avec la maison, une approche superficielle ne suffit pas à retenir les employés.
Car ils se comportent au bureau comme des consommateurs : ils font tourner la boîte et rentabilisent les espaces loués.
à la vue d’ensemble.
- La gestion des projets immobilier et d’aménagement a changé de leadership. Alors que ces projets étaient, dans le passé, principalement orientés autour de problématiques immobilières et financières, les équipes RH et transformation prennent davantage en main le projet, pour faire le lien avec la stratégie d’entreprise et favoriser la rétention des talents.
« La dépersonnalisation de l’espace, ça devient la grande inquiétude des personnes qui mènent les projets immobiliers. D’autant plus dans une guerre des talents. » observe Doriane.
❓ Alors, comment communiquer le visage de la société ? Si les locaux ne le traduisent pas explicitement, si dans les bureaux il n’y pas de place pour l’innovation, la promesse de la culture d’entreprise ne sera pas tenue.
L’ADN de l’entreprise passe par la décoration et les aménagements. Mais il se cultive aussi dans le collectif, qui sera d’autant mieux cultivé que les valeurs de l’entreprises seront justement représentées. 🧭
Des projets bien nourris
Le projet d’entreprise pour la modernisation des bureaux présente un réel enjeu de communication. 📡
Il s’articule autour des usages, puisqu’il n’est plus possible de nier les besoins des collaborateurs pour les faire revenir au bureau. Ceux-ci s’y sentiront davantage attachés, une fois que la culture d’entreprise aura étendu ses filets dans toutes ses démarches. Que la prochaine priorité porte sur des problématiques d’immobilier, de réaménagement, ou de rétention des talents, la culture d’entreprise s’articule d’abord autour de son étendard de valeurs.
Un mot s’est dégagé de cet échange entre Maxime et Doriane : la cohérence. 🤲🏻
C’est ce qui facilitera l’adoption du projet au long terme par tous les acteurs du travail.
Retrouvez les chiffres clés sur nos réseaux Instagram et Linkedin, et sur le baromètre Parella 2022.