Histoire d’un espace de travail : de l’Antiquité à nos jours

Et si les pratiques que nous considérons aujourd'hui comme modernes avaient en réalité des racines bien plus anciennes ? L’évolution des méthodes de travail révèle des aspects inattendus, que l’on retrouve depuis l’Antiquité jusqu’à nos bureaux modernes.

Depuis les espaces de travail des maisons romaines jusqu'aux environnements de travail hyperconnectés d'aujourd'hui, l'histoire du travail met en lumière des surprises qui nous aident à mieux comprendre la manière dont nous organisons nos espaces professionnels actuels, tels que les open-spaces ou encore les espaces collaboratifs.

Comment l'organisation des espaces de travail a-t-elle évolué au fil des siècles ? Quelles leçons pouvons-nous tirer du passé pour mieux saisir les défis et opportunités du travail à distance et de la flexibilité au travail que nous expérimentons aujourd'hui ?

Cet article vous invite à un voyage à travers le temps, en explorant les origines de nos environnements de travail et en faisant des parallèles étonnants avec les pratiques contemporaines, comme les espaces de coworking. Vous découvrirez que les tendances actuelles, comme le travail hybride, trouvent souvent leur écho dans des pratiques anciennes et que l'avenir du travail pourrait bien s’inspirer des leçons du passé.

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🏦 Les origines du travail à distance et de la flexibilité au travail

Depuis quand les humains pratiquent-ils réellement le travail à distance ? Bien avant que le télétravail ne devienne une norme, les anciens Romains adoptaient déjà une forme de flexibilité au travail, en travaillant depuis leur domicile.

En étudiant les origines de cette pratique on découvre que la flexibilité au travail, souvent perçue comme une tendance récente, est en réalité ancrée dans l’histoire. Ces pratiques d’autrefois apportent un éclairage précieux sur la manière dont nous concevons et adaptons nos environnements de travail aujourd'hui, tels que les espaces de coworking et les bureaux modernes.

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Les racines antiques de la flexibilité et du travail hybride

Le travail à domicile n’est pas une nouveauté. Le “tablinum” servait par exemple de bureau pour certains habitants de la Rome Antique. La pièce, conçue comme un espace de travail multifonctionnel, offrait un espace où le maître de maison pouvait gérer ses affaires et conserver des documents importants. C’est dans cette dernière qu’il pouvait gérer les tâches administratives et familiales et que se déroulaient les rencontres (salutatio) entre les personnes influentes (patronus) et les personnes ordinaires (clientes).

Cependant, ce concept n'était pas limité à l'élite romaine. Les artisans et commerçants de l'Empire romain travaillaient souvent depuis chez eux, intégrant leurs ateliers et boutiques à leur domicile. Ces espaces, appelés taberna, combinaient les fonctions de vie et de travail, offrant une flexibilité au travail que l'on retrouve dans les modèles de travail hybride actuels.

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La flexibilité des espaces de travail à travers l’Histoire

L'idée que le travail puisse être flexible et intégré dans le cadre de la maison a des racines profondes dans l'histoire. Les domus romaines (maisons urbaines) étaient par exemple souvent conçues pour accueillir des activités professionnelles variées. Cette flexibilité au travail était nécessaire pour répondre aux exigences de gestion des propriétés, des affaires, et des obligations sociales.

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Image de JFJP

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Ce schéma met en lumière le fait que la distinction entre vie professionnelle et vie personnelle n'était pas aussi marquée qu'elle l'est aujourd'hui, un concept que l'on retrouve dans certains modèles de travail hybride actuels.

💡 Petite anecdote : c’est aussi à l’époque de la Rome antique que l’on doit la création du mot latin officium, qui désigne l’emploi, la fonction ou le service, et qui donnera plus tard le mot anglais office.

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Les premiers open-spaces et espaces collaboratifs de la Renaissance

Période de renouveau culturel et intellectuel en Europe, la Renaissance a joué un rôle crucial dans l'évolution de l’espace de travail. Les ateliers d'artistes et d'artisans, ou botteghe, étaient des centres de collaboration et d'innovation qui fonctionnaient comme de véritables petites entreprises, structurées avec des assistants, des apprentis, des commandes à honorer et des contrats. Ces espaces collaboratifs allaient au-delà de la production artistique, ils servaient également de lieux d’échange de compétences, un principe toujours d'actualité dans les bureaux modernes et les espaces de coworking. Aujourd'hui encore, les entreprises s'inspirent de ces dynamiques de partage pour encourager la créativité et l'innovation.

On retrouvait souvent deux espaces distincts dans ces ateliers : le studiolo et la bottega. Le premier était un espace de réflexion de l'artiste, dédié à la contemplation et à la création intellectuelle, tandis que la seconde était orientée vers la rue et servait de lieu d'exécution et de création physique. Cette dualité réflexion/production peut être retrouvée dans les bureaux modernes, où les zones de brainstorming et de planification côtoient les espaces de production et de mise en œuvre.

Les guildes de Saint-Luc, qui étaient de véritables organisations corporatives, fournissaient un cadre organisationnel favorisant la collaboration comme l’apprentissage. Centres d'excellence pour les peintres, les sculpteurs, les graveurs ou les imprimeurs, elles offraient une certaine sécurité à ses membres, à une époque où l’instabilité économique était courante. Ces derniers pouvaient alors travailler sur des commandes importantes, tout en ayant l'opportunité d'apprendre de maîtres établis. De manière similaire, les entreprises modernes investissent dans des programmes de mentorat et de formation continue pour développer les compétences de leurs employés.

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Un exemple moderne : les espaces de coworking

Les espaces de coworking contemporains, comme Flex-O, reprennent ce concept en offrant des espaces de travail partagés où des professionnels de divers secteurs peuvent se rencontrer, échanger des idées et collaborer sur des projets. À la manière des ateliers de la Renaissance, ces espaces collaboratifs sont conçus pour stimuler la créativité et l'innovation : ils fournissent des infrastructures flexibles et des ressources partagées, ce qui facilite la coopération et l'apprentissage continu.

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🏢 L'industrialisation et la naissance des bureaux modernes

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La Chrysler Tower, building du début du 20ème siècle

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L’Histoire semble dater la construction du tout premier building administratif, le “Old Admiralty Office”, en 1726 à Londres.

Mais c’est pendant la période de l’industrialisation (fin 19ème) qu’une transformation radicale s’opère dans l'organisation des espaces de travail.

Avec l'essor des usines et de la mécanisation, les travailleurs sont alors attirés vers les centres industriels où se trouvent les machines et les équipements nécessaires à la production de masse.

De leur côté, les grandes villes se dotent toujours plus d’immeubles de bureaux administratifs.

Rendue possible par des innovations comme l'invention de l'ascenseur par Elisha Otis en 1853 ou encore les systèmes d’éclairage électrique et de ventilation, cette centralisation a mené à la construction de nombreux gratte-ciels qui avaient pour but de maximiser l'utilisation de l'espace urbain.

Des bâtiments comme le Home Insurance Building de Chicago, construit en 1885, ont ouvert la voie à des bureaux verticaux où des centaines d'employés pouvaient être regroupées. Cette organisation spatiale, où les dirigeants occupaient les étages supérieurs et les travailleurs subalternes les étages inférieurs, reflétait les hiérarchies au sein des entreprises. Les fonctions administratives (dactylos et comptables) étaient quant à elles regroupées et la distribution comme la dénomination des locaux de direction étaient calquées sur les conventions de l’architecture aristocratique (cabinet, antichambres, petits et grands salons), tandis que les ailes de bureaux se banalisaient.

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La standardisation des espaces de travail : l’open-space et au-delà

Au milieu du 20ème siècle, le concept de l'open-space émerge et adopte les principes du Taylorisme. Celui-ci repose sur “une division horizontale du travail, où chaque ouvrier répète un nombre réduit de tâches. Il met également en œuvre une division verticale du travail, qui distingue nettement les activités de conception et de réalisation des produits.” (vie-publique.fr, mai 2023)

Avec cette nouvelle manière de travailler, les salariés sont alors rassemblés dans un environnement aseptisé, séparés du cadre supérieur, à l’abri dans son bureau fermé. Par son caractère économique et sa facilité à être managé, le bureau devient alors une véritable usine. Un aménagement en “organigramme” s’installe et les positions relatives des employés, cadres et dirigeants se traduisent dans la répartition des emplacements, mais aussi dans la surface allouée à chacun. Pour les collaborateurs en bas de l’échelle, le bureau se traduit par une « cellule minimum ». C’est l’avènement des cloisons mobiles.

La fin du 19ème et le début du 20ème ont également vu des avancées significatives dans les technologies de communication, comme le télégraphe et le téléphone. Ces innovations ont aussi commencé à ouvrir la porte à des formes de travail plus flexibles. Gestionnaires et cadres pouvaient communiquer rapidement avec leurs employés ou partenaires sans nécessiter une présence physique constante dans le bureau central. Bien que le travail à distance à grande échelle ne se soit pas encore développé certaines professions, comme les journalistes et les écrivains, ont également profité de ces nouvelles technologies pour travailler à distance. Les reporters pouvaient transmettre leurs articles par télégraphe depuis différents lieux, réduisant ainsi la nécessité d'être présents dans la salle de rédaction : un vrai précurseur du travail hybride.

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🌐 La révolution technologique et le travail à distance

À partir des années 1990, le monde du travail a connu des transformations majeures, marquées par des périodes économiques compliquées et l'essor de la révolution numérique. Ces changements ont profondément modifié la manière dont les espaces de travail sont conçus et utilisés, ouvrant la voie à des pratiques et des concepts qui continuent encore aujourd'hui de façonner nos environnements professionnels.

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Les catalyseurs de la transformation des espaces de travail : les crises et la révolution numérique

Les crises ont souvent été des catalyseurs d'innovation, forçant les entreprises à repenser leurs pratiques et leurs espaces de travail. Dans les années 1990, une crise immobilière majeure a secoué le marché. Les promoteurs se sont retrouvés avec de vastes stocks de bureaux inoccupés (5 millions de m² rien qu’en Ile-de-France), créant ainsi les premières "friches tertiaires".

Simultanément à cette crise immobilière, une révolution technologique majeure était en cours. En 1997, alors que l'activité immobilière amorçait un nouveau cycle, la révolution informatique continuait sa course. Nombre d’entreprises étaient désormais connectées et équipées de postes informatiques individuels, transformant radicalement les pratiques de travail.

L'avènement d'Internet a permis une connectivité sans précédent, facilitant la communication et la collaboration à distance. Cette transformation a ensuite ouvert la voie à de nouvelles formes de travail flexible, comme le bureau virtuel, introduit par Andersen Consulting (aujourd'hui Accenture). Dans ce modèle les consultants, qui passaient 80 % de leur temps chez les clients, n'avaient plus de poste de travail fixe. Ces derniers devaient réserver leur espace de travail soit à la journée, soit sur plusieurs semaines, pour l’encadrement de projets plus complexes.

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L’évolution des espaces de travail : du flex office à la conscience environnementale

Le flex office, introduit par Andersen Consulting en 1997, a rapidement gagné en popularité dans les grands cabinets de conseil. On le sait aujourd’hui, ce modèle supprime l'idée de postes de travail fixes au profit d'espaces flexibles, permettant ainsi une utilisation plus efficace de l'espace tout en répondant aux besoins de mobilité des employés. Quoi qu’il en soit, en France c’est surtout aux alentours des années 2010 qu’il commencera à s’installer, en étant adopté par Sanofi ou encore la Société Générale. Cette organisation du travail a ensuite mené à de nombreuses pratiques de travail qu’on considère aujourd'hui comme standards, telles que le télétravail et les espaces de coworking. Le concept de flex office a ensuite permis une optimisation sans précédent de l'espace de travail, répondant aux besoins croissants de flexibilité et de mobilité des employés.

Mais dès la fin du 20ème, cette quête d'efficacité a rapidement été accompagnée d’un autre défi majeur : l'impact environnemental des espaces de travail. Alors que les entreprises cherchaient à maximiser l'utilisation de chaque mètre carré, elles ont également commencé à prendre conscience de l'importance de minimiser leur empreinte écologique. Cette prise de conscience s'est intensifiée à la fin des années 1990, particulièrement après la signature du traité de Kyoto en 1997. Désormais, la performance énergétique des bâtiments et l'utilisation durable des ressources allaient devenir des priorités pour les architectes et les bureaux d'études. L'optimisation de l'espace s'accompagnait désormais d'une exigence de durabilité, intégrant les nouvelles normes écologiques dans la conception des bureaux.

Ces préoccupations environnementales ont également coïncidé avec une évolution des stratégies managériales. Le "management par projet", centré sur l'épanouissement personnel des cadres, la créativité, la réactivité et la flexibilité, a commencé à prendre racine. Cette approche managériale, alignée avec les nouvelles configurations des espaces de travail, a permis de mieux répondre aux attentes des employés en matière de bien-être et de productivité.

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🔮 Le présent et l'avenir du travail hybride

L'histoire des espaces de travail, depuis l'Antiquité romaine jusqu'à la révolution numérique des années 1990, nous a révélé que les pratiques considérées aujourd'hui comme modernes trouvent souvent leurs racines dans des siècles de transformations et d'adaptations. Les crises, les avancées technologiques et les évolutions sociétales ont remodelé la manière dont les espaces de travail sont conçus et utilisés, ouvrant la voie à de nouvelles pratiques, telles que le travail à distance et l’utilisation d’espaces collaboratifs.

Mais cette histoire est loin d'être terminée !

Au début du 21ème siècle, de nouvelles forces ont commencé à redessiner les contours du travail tel que nous le connaissions, des transformations dont les effets se font encore sentir aujourd'hui. Comment les entreprises continuent elles de s'adapter aux défis croissants de la durabilité, de la technologie et du bien-être des employés ? Quelles seront les prochaines grandes transformations dans l'organisation des espaces de travail et des pratiques professionnelles ?

C’est ce que nous explorerons dans un prochain article 😉

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October 30, 2024

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